Matthieu vit ses jours d’aigris arrogants colérique paranoïaque et cracheur (dans tous les sens du terme), paisiblement dans son HEPAD. Il déteste tout le monde, de ses compagnons de chambrée aux infirmiers, de sa fille qui ne lui rend jamais visite et de ses deux ex-femmes. Donc non, sa vie n’est pas si paisible. Un jour Maglia, une autre pensionnaire, a une vision et informe ses potes du 3ème âge qu’il faut accumuler des vivres avant de se barricader quelques semaines. Ils parviennent à foutre à la porte le personnel, c’est la mutinerie. Ils sont un peu surpris que les grand moyens ne soient pas utilisés pour que les autorités locales reprennent l’HEPAD d’assaut. Nous saurons pourquoi, ils avaient d’autres chats à fouetter. Mais bon, tout va bien au royaume des vieux, jusqu’à ce qu’ils manquent de victuailles, et décident de sortir, les uns en fauteuil roulant, Maglia en lit roulant poussé par ses copains en couches pour certains, en cathéter pour d’autres et absolument pas armés pour affronter l’apocalypse,
quoi que…
**Dans ma
recherche philosophique sur, Sommes-nous toujours vivants ? Le club du
troisième âge se verra parfois en reflet miroir devant ses êtres décharnés, qui
cherchent à survivre et qu’on a aura enfermé entre des murs pour les fuir,
comme on enferme nos vieux dans les HEPAD.
**Mais ce
symbole bien simpliste, ne sera que la partie immergée de l’iceberg. Rajoutons
une couche de glaces pour refroidir l’ambiance, donnant ainsi, une vision bien
pessimiste de ce roman considéré à la base comme fendard. On apprend un peu
plus tard, que les gens sont devenus des zombies en ingurgitant un médicament
rajeunissant. Médicament fabriqué peut-être à base de cellules souches venues
de bébés africains… Cette quête désespérée pour s’accrocher à sa jeunesse a eu
raison de notre santé mentale et physique… Elle sera concrète (les foetus et le
placenta, ou le sang des vierges à une époque, quoi que peut-être encore) ou
métaphorique. « Depuis le début, le monde entier se dirigeait vers une société
qui dévore ses enfants pour survivre. » Matthieu, le protagoniste, y voit régulièrement le tableau
de De Goya, Saturne dévorant un de ses fils.
Nous
n’avons pas construit le monde pour le bien commun, mais pour nos besoins
individuels, avec compétitivité, arrogance et mépris pour la vie des autres
espèces et même la nôtre. Sauf, que ce ne sont pas nos vieux qui subiront la
défaite finale, mais bien nos enfants.
Alors, nos
vioques sont ravis, ils ne pourront pas devenir des zombies car aucun d’eux,
n’a jamais avalé ce médicament. Mais est-ce bien soulageant de vivre ses
derniers jours de vie dans un monde chaotique ?
Et ce
passage maladroit et irréfléchie avec la jeune Manon, adolescente rencontrée lors de leur périple, est juste incroyable. On
y voit toute la bêtise humaine, entre l’humour et le malaise profond.
**Peut-on
en vouloir aux gens de s'accrocher à la jeunesse lorsque la société montre la
vieillesse de la même manière qu’un zombie? Une personne qui n’est plus rentable
dans ce collectif consumériste et qui en plus continue de manger, de chier et
de prier (pardon). " Soit le petit dévorait le ventre de sa mère pour
sortir de là... Soit, il avait échappé à la métamorphose et c'était Manon qui
allait le réingurgiter par la voie digestive." Ne nous dévorons-nous pas
tous en réalité les uns et les autres?
"
Mangez un zombie, est-ce qu'on peut imaginer une vengeance plus ironique?"
**L'immortalité.
La quête pour rester jeune, n'est-ce pas en réalité une quête pour
l'immortalité ? Et quoi de plus immortel qu'un zombie? Mais il faut bien
choisir. L'auteur dit " On meurt de se faire beau." Et Matthieu
raconte le mythe d'Eos qui a demandé la vie éternelle mais oublié de demander
de garder la beauté. Elle va vivre éternellement, le corps pourrissant comme un
zombie. Nous vivons de plus en plus vieux, mais à quel prix? Les recherches
cosmétiques mettent tout en œuvre pour préserver notre beauté en y mettant des
produits dangereux. Peut-on avoir la jeunesse et la vie éternelle? Ce sera un
des deux? Lequel préférez-vous ? N’est-il pas plus acceptable d’accepter
notre mortalité et la vieillesse qui va avec ?
**Quel
espoir pour l’humanité s’il ne reste que des vieux mâles ? Peuvent-ils
repeupler la planète ? A-t-on envie de repeupler la planète ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.